L’architecture initiale du système basée sur les CAE C 90 xx  était une architecture doublée.
Toutefois les deux calculateurs, lorsqu’ils existaient – il n’y eu qu’un seul calculateur à Brive jusqu’à la disparition du site et Marseille a fonctionné très longtemps avec un seul calculateur – étaient différents.
S’ils possédaient un certain nombre de périphériques communs (partagés ou identiques) tels que disques rapides, console système, lecteur et perforateur de rubans, accès télécom, système de visualisation, imprimante ligne, centrale de sons d’alarme, le C1 prioritairement réservé au temps réel ne comportait pas de dérouleurs de bandes, pas de lecteur de cartes, pas de table traçante…
Le C2 dit « calculateur scientifique », en dehors des périodes où il servait de secours automatique au C1, était utilisé pour le développement et la mise au point de programmes, pour des travaux statistiques, pour la facturation des clients nationaux (raccordés en haute et très haute tension)…

Insérer schéma config

En fonctionnement temps réel complet à deux calculateurs, le calculateur secours reprenait la main en cas de détection de panne du principal (absence de réarmement d’un watchdog). Lors de cette reprise, un certain nombre d’actions opérateurs pouvaient avoir été perdues, le processus de synchronisation entre les deux calculateurs n’étant globalement effectué que toutes les demi-heures.
Pour des raisons économiques et ou d’opportunité matérielle, il arrivait que les deux calculateurs soient encore plus différents. A Lille, il y avait un 90-10 et un 90-40, ce qui, malgré une certaine compatibilité des machines, amenait à des versions logicielles aménagées. A Paris, le C1 disposait de 32 Kmots de mémoire vive et le C2 uniquement de 24 Kmots. Un certain nombre de données se trouvaient donc à une certaine adresse en mémoire basse (C2) et à une adresse translatée de 16 Kmots – en mémoire haute – (C1). Selon que l’on exécutait le programme sur le C1 ou le C2, un test permettait d’armer ou non l’extension, ce qui permettait de disposer du même code sur les deux machines et d’un espace supplémentaire en mémoire basse (la seule ou l’on pouvait mettre les instructions) pour exécuter des tâches gourmandes en ressources et jugées moins indispensables à l’exploitation du réseau électrique d’alors (calcul de répartition par exemple) sur le C1.

Compte tenu de la durée de vie du système, des détails de l’architecture ont évolué, mais ses principes sont restés les mêmes.

Les évolutions les plus marquantes ont porté sur  :

  •  Le système de visualisation. Les premiers écrans étaient des écrans alphanumériques monochromes permettant d’afficher des listes ou des pseudo-représentations de postes électriques à l’aide de quelques caractères disponibles (*, – etc).

images écrn llille

Paris a disposé assez tôt d’écrans graphiques monochromes à balayage cavalier permettant notamment l’affichage de schémas de postes. Puis l’apparition de consoles semi graphiques couleurs a révolutionné le look du système moyennant de nombreux développements, dans un univers contraint en place et en puissance, pour ajouter les données nécessaires aux nouveaux tracés et aux informations de couleurs.

  • Les communications. Les calculateurs étaient raccordés initialement aux ERC, l’arrivée des CACQ s’est traduite par de nombreuses modifications au niveau des protocoles de communication, mais aussi sur la logique même de traitement. Les ERC émettaient toutes les informations en mode cyclique 10 secondes, le CACQ qui les a remplacés n’envoyait les télésignalisations que sur changements d’états. De plus lors des redémarrages, il fallait désormais effectuer une vérification globale de toutes les signalisations (contrôle général). Les calculateurs temps réel ont également eu à communiquer informatiquement avec le monde des prévisionnistes et des statisticiens, alors que les premières communications se faisaient par listing papier ou par telex (*). D’autant qu’il nous en souvienne ces modifications importantes dans un système vieillissant et contraint furent globalement une réussite sans que cela ne surprenne grand monde….
    (*) Pour envoyer de façon journalière et « automatique » le programme de marche aux centrales thermiques, on générait une bande telex depuis le calculateur scientifique du dispatching, puis ce ruban était envoyé via un telex classique. Comme il n’y avait pas de perforateur de ruban telex sur nos 90 40, on se servait du perforateur de ruban du 90 40. Mais les codes telex étaient à cinq trous et ceux du calculateur à huit trous. Une ingénieuse pièce métallique placé sur le perforateur permettait de caler le ruban telex d’un côté du perforateur et un travail de conversion de code avait permis de d’éditer les codes ordinateur correspondants aux codes telex souhaités.
  • Le remplacement des machines à écrire qui assuraient les logs d’exploitation. Les machines de type ASR furent remplacées par des machines à boule. Bien que ceci apparaisse comme une évolution de bien peu d’importance, elle a donné pas mal de fil à retordre aux développeurs de l’époque. Le pilotage de ces machines était, en effet, effectué directement au niveau du calculateur central. Il a donc fallu pour effectuer les modifications se replonger dans du vrai temps réel avec gestion des interruptions, et des temps d’attente de la frappe des caractères. Le retour chariot ou le changement de couleur du ruban encreur n’ayant pas le même temps de réponse que la frappe d’un simple caractère…

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