Les sixties…
Cela peut faire rêver.

C’était il y a seulement, une cinquantaine d’années, mais néanmoins elles peuvent sembler à des années-lumière d’aujourd’hui, même pour ceux qui les ont connues.

Même si la deuxième guerre mondiale est désormais finie depuis une quinzaine d’années, elle a laissée des traces dans les esprits, dans les comportements et dans l’état de la France. La période est au plein emploi (moins de 2% de chômage) et l’espoir d’une vie meilleure pour les générations futures est un moteur fort pour la majorité de la population qui a subi des privations et qui connait la valeur des choses.

Malgré une pénurie relative de main d’œuvre, en dépit de l’abandon de son Empire colonial, l’économie française connaît un essor industriel spectaculaire (surtout sur les biens d’équipement ), appuyé sur un effort d’investissement assuré par un ensemble mixte de firmes nationales et privées et impulsé par une planification originale.

• La durée de vie était de 67 ans (78,7 en 2013) pour les hommes et de 73,6 (85 en 2013) pour les femmes.

• La durée effective de travail était de l’ordre de 45 heures par semaine en moyenne, le samedi matin était généralement travaillé. l’âge légal de départ en retraite était de 65 ans et l’âge médian de départ était de 65,5 ans (environ 59 ans début 2000).

• Deux tiers des emplois étaient occupés par des hommes (contre environ la moitié de nos jours). Le poids de l’industrie était de 30% contre 15% aujourd’hui.

• la proportion de personnes en emploi ayant un diplôme du supérieur est passée de 3 % (années 60) à 33 % actuellement.

Les années 60 ont apporté, sur tous les plans, des bouleversements :
• L’arrivée du rock’n’roll et des mouvements hippies, dont la diffusion a été facilité par l’accès des jeunes aux premiers postes à transistors (dont le prix a été divisé par deux entre 58 et 62) et aux vinyles 45 tours. Beatles, Rolling Stones, Johnny et Claude François, entre autres, s’emparent du devant de la scène. « Salut les copains » révolutionne le genre des émissions radio.

 L’essor de l’électroménager, l’aspirateur remplace progressivement le balais, le réfrigérateur en fait de même pour la glacière et le lave-linge succède à la lessiveuse. (Un des fameux slogans de l’époque n’est-il pas : « Moulinex libère la femme »).

• L’accélération de la construction de l’Europe avec la mise en place de la PAC.

• La signature des accords d’Évian (1962), mettant fin à la guerre d’Algérie.

•  Une remise en cause de la société française, soudaine et brutale, avec les évènements de mai 1968.

.

.

.

Cet essor et ce bouillonnement, souvent mis en avant, voire idéalisés, ne doivent pas nous faire oublier que la France des années 60 est très différente de celle que nous connaissons aujourd’hui, notamment au niveau infrastructure. A titre d’exemple :

• En 1962, 750 000 parisiens n’ont pas l’eau courante dans leur logement et plus de 500 000 n’ont pas l’électricité. Trois logements sur quatre n’ont pas le gaz, on se chauffe au charbon.

 A la même période, le taux d’équipement des ménages en téléphone (fixe !) est de 6,4%. A Paris, pour disposer d’une ligne téléphonique, un particulier doit attendre 2 à 3 ans. Côté téléphonie, beaucoup de communications passent par l’intermédiaire d’une opératrice qui aiguille les communications à l’aide de fiches. En conséquence, les temps d’attente pour joindre un correspondant peuvent être très long (Un grand journal du soir relate la mésaventure d’un parisien qui a dû attendre, en 1962, 67 minutes pour obtenir sa femme qui était en vacances au Lavandou.)

• La France compte 213 kilomètres d’autoroute en 1962. La première autoroute d’interconnexion (Paris Marseille) ne sera mise en service qu’en 1970. Il y a plus de 10 000 morts par an sur la route.

• Il faut une dizaine d’heures pour faire Paris Marseille en train.

Comme on peut le constater, les années soixante sont dynamiques, assoiffées de changements mais terriblement en manque d’infrastructures de toutes sortes

La technologie

• En 1958, Jack Kilby et Robert Noyce inventent le circuit intégré.

• Les ordinateurs, principalement dédiés à la gestion, commencent à prendre leur essor. Pour illustration, citons deux exemples d’ordinateurs du début des années 60 :

o L’IBM 1401 (1960). Doté de 0,2 à 2 KO de mémoire vive et de disques de capacités comprises entre 2 et 20 MO, Il occupait de 40 à 60 m2 et coûtait entre 0,6 et 3,2MF soit, ramené à notre époque, environ entre 1 et 5 M€.
o Le Bull Gamma 30 (1962). Doté de 10 à 40 KO de mémoire vive et de disques de capacité comprise entre 4,6 et 20 MO, il occupait de 60 à 100 m2 et coûtait entre 1,4 et 4,7 MF soit, ramené à notre époque, environ entre 2,4 et 6,7 M€

• La majorité des automates étaient construits à base de relayage classique ou de tubes électroniques. Le transistor n’a commencé à être produit de façon industrielle que vers 1952. Au début des années 60, de nombreux freins à son utilisation en milieu industriel, sont encore présents.

• Comme nous l’avons vu précédemment, l’électronique grand public commence tout juste avec l’essor des postes à transistor, puis viendra l’essor de la télévision. En 1949, 297 foyers ont la télévision, 40% des foyers en sont dotés en 1965. La télévision couleur apparait en 1967.

Nous avons donc, là aussi, un essor rapide, mais un point de départ très bas. Au-delà de l’anecdote, cela implique que les mentalités sont encore peu habituées à l’électronique et à ses possibilités, que les personnes formées à ces domaines sont peu nombreuses et que les formations à ces nouveaux domaines sont peu développées, y compris dans la plupart des grandes écoles.

L’électricité

La consommation et les réseaux
Dans la continuité des années 50, la consommation poursuivra sa forte croissance (doublement tous les dix ans).

Pour répondre à cette demande, la production se développe selon deux grands axes :
• Poursuite des grands équipements hydrauliques (Serre-Ponçon (1960), Roselend (1960), Allement (1960), Monteynard (1962), Mont Cenis (1969), Vouglans (1970) )

• Apparition de paliers thermiques de plus fortes puissances (palier 125 MW en 1955, palier 250 MW en 1961, palier 600 MW en 1968).

Ceci à un impact fort sur la concentration des moyens de production sur des sites dédiés (thermiques) ou des zones géographiques (hydrauliques). Cela bouleverse les schémas du début du XX° siècle qui voyait les moyens de production implantés au plus proche de la demande.  Par ailleurs l’optimisation économique entre hydraulique et thermique amène à une variabilité des flux d’énergie au cours des saisons d’une part et au cours des journées d’autre part.

Les conséquences de ces regroupements géographiques, de cette optimisation économique, mais aussi d’une demande d’amélioration de la sûreté d’alimentation ont été un développement des réseaux électriques et un changement des modes d’exploitation du système électrique.

.

Les évolutions du parc de production, l’accroissement du réseau, les évolutions de l’optimisation du système électrique mais aussi les apports technologiques auront un impact fort sur les besoins en télécommunications pour accompagner de nouveaux modes d’exploitation.

Laisser un commentaire